Connu aussi sous la fausse identité de Soufiane Kayal
Né le 18 mai 1991 à Schaerbeek - 24 ans
Nationalité belge
Najim Laachraoui est officiellement identifié comme étant le second kamikaze de l'attentat terroriste perpétré à Brussels Airport (Source : communication du parquet fédéral - 25 mars 2016). Il est aussi indubitablement impliqué dans la préparation et la coordination des attentats de Paris dont il serait l'artificier. On a retrouvé des traces de son ADN dans plusieurs planques utilisées par les terroristes avant les attentats ainsi que sur du matériel explosif utilisé au Bataclan et au stade de France.
2003 - 2009 - Études secondaires
Le jeune Najim fait ses étude secondaires à l'Institut de la Sainte-Famille d'Helmet, un établissement catholique de la commune de Schaerbeek dont il sort diplômé en 2009. Veronica Pellegrini (la directrice de l'établissement) ne sait pas ce qui a pu arriver : "C'était un bon élève, sans aucun problème disciplinaire. Il n'a jamais redoublé, il a eu un parcours scolaire tout à fait classique" (Source : AFP).
Après 6 ans d'études primaires, il rentre dans le cycle secondaire à l'âge de 12 ans et en sort à l'âge de 18 ans. De tels parcours scolaire, sans redoubler une seule année, sont presque devenus l'exception de nos jours. Cela témoigne d'un bon niveau d'intelligence et probablement d'un soutien parental attentif. On est très loin du "cliché" de l'adolescent déscolarisé traînant dans la rue, du jeune homme issu d'une famille immigrée, largué par la société et sans avenir professionnel qui bascule dans la petite délinquance et se laisse facilement séduire par les discours de DAESH.
2011 - 2012 - Études techniques abandonnées
Najim Laachraoui entame ensuite des études d'électromécanique, dont il termine la première année en 2012 avec une "satisfaction" (la plus basse mention pour un examen de fin d'année de l'enseignement supérieur), selon une revue d'anciens élèves de la Sainte-Famille (Source : AFP). Il décroche à l'âge de 21 ans et n'ira pas plus loin dans ses études
C'est manifestement entre 2010 et 2012 que la situation a dérapé pour cet étudiant qui a pourtant effectué un parcours scolaire "sans faute" jusque fin 2009.
Questions citoyennes :
- Il serait intéressant de savoir qui faisait partie de son entourage proche durant cette période, qui pouvait l'influencer et quelle était la mosquée de Bruxelles qu'il fréquentait. (Des réponses qu'on trouve peut-être dans les annales du procès de février 2016 ?)
- On peut aussi s'interroger sur le "trou" dans son emploi du temps entre juin 2009 (fin des humanités) et septembre 2011 (début de ses études d'électromécanique). Que s'est-il exactement passé durant cette année "sabbatique" de 2010 qui est vraisemblablement à la source de sa radicalisation ?
"Je n'ai aucune idée pourquoi mon frère a basculé dans le terrorisme. On n'a pas vu de changement quand il s'est radicalisé.../...Je retiens de lui l'image d'un garçon gentil et surtout intelligent.../...Je suis triste et accablé par ce qui s'est passé et ma famille est effondrée mais il reste mon frère et je n'ai pas de ressenti vis-vis de lui."
Ces propos sont très proches de ceux tenus par Mohamed Abdeslam lors de ses déclarations dans les médias après la révélation de l'implication de ses frères Salah et Brahim Abdeslam dans les attentats de Paris. Selon lui, c'étaient eux aussi de "gentils garçons" et "la famille n'avait rien vu venir". Sauf que, à l'inverse de Najim Laachraoui, ils avaient déjà un passé assez chargé de petits délinquants.
2013 - Départ pour la Syrie
En février 2013, Najim Laachraoui quitte la Belgique pour rejoindre la Syrie où il restera près de trois ans. Sa famille aurait appris son départ par un coup de téléphone qu'il a passé à ses parents. Ces derniers signalent sa disparition à la police, apparemment sans réaction particulière des autorités puisqu'il n'y aurait plus eu aucun contact entre la famille et la police par la suite (selon les propos tenus par son frère lors de sa conférence de presse).
2014 - Mandat d'arrêt international
Un mandat d'arrêt international est délivré à son encontre le 18 mars 2014. Il est également repris sur la liste des "personnes radicalisées potentiellement dangereuses" établie par l'OCAM (l'organe de coordination pour l’analyse de la menace). Ce qui ne l'a pas empêché de revenir de Syrie vers la Belgique à la fin de l'année suivante sans être inquiété.
2015 - Retour en Belgique
Septembre 2015
Sa trace réapparaît le 9 septembre 2015, soit près de trois mois avant les attentats de Paris.
Salah Abdeslam loue une Mercedes pour aller réceptionner deux individus à Budapest et les ramener en Belgique. Lors d'un contrôle routier à la frontière austro-hongroise, les deux passagers du véhicule présentent de fausses cartes d'identité belges qui n'éveillent pas les soupçons de la police autrichienne. L'une est au nom de Soufiane Kayal, l'autre au nom de Samir Bouzid. L'enquête menée après les attentats meurtriers de Paris révèle qu'il s'agissait en fait de Najim Laachraoui et de Mohamed Belkaïd (*).
Questions citoyennes :
- Puisque ce contrôle concernait trois individus d'origine maghrébine, munis de cartes d'identité belges et revenant de Hongrie (donc potentiellement de Syrie, via la Turquie), la police autrichienne a-t-elle transmis cette information à la police fédérale belge dès le mois de septembre ?
- Si c'est le cas, les deux fausses identités communiquées n'auraient-elles pas dû attirer l'attention des policiers belges ? Si ce n'est pas le cas, comment ce simple "contrôle routier" a-t-il resurgi du placard trois mois plus tard, lors de l'enquête menée suite aux attentats de Paris ?
26 novembre 2015
Perquisition dans une maison à Auvelais (près de Namur)
Le 5 octobre 2015, Najim Laachraoui loue cette maison pour un an, sous la fausse identité de Soufiane Kayal. Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir été, avec Mohamed Belkaïd (*), en lien par téléphone avec certains des kamikazes opérant à Paris, le soir du 13 novembre. Des traces de son ADN ont été retrouvées dans la planque d'Auvelais ainsi que sur du matériel explosif utilisé au Bataclan et au Stade de France.
10 décembre 2015
Perquisition dans un appartement, rue Henri Bergé à Schaerbeek.
On y retrouve également l'ADN de Najim Laachraoui et des empreintes digitales de Salah Abdeslam, ainsi que des traces de TATP, une balance de précision et trois ceintures d'explosifs confectionnées à la main.
2016 - Épilogue
En février 2016, Najim Laachraoui est jugé "par défaut" à Bruxelles dans le procès d'une filière de recrutement de combattants par l'EI. Le 29 février, une peine de 15 ans de prison est requise à son encontre pour avoir organisé en Syrie l'accueil des candidats djihadistes recrutés en Belgique.
Moins d'un mois plus tard, il participe à l'attentat suicide du mardi 22 mars à Bruxelles Airport en déclenchant l'une des deux charges explosives utilisées.
La police fédérale belge le recherchait activement depuis le début du mois de décembre 2015.
L'avis de recherche n'a cependant été diffusé par la police, à la demande du Parquet fédéral, que le lundi 21 mars, soit la veille des attentats perpétrés à Bruxelles, soit plus de trois mois après avoir eu la preuve formelle de son retour en Belgique et de son implication dans la préparation des attentats de Paris.
L'avis de recherche n'a cependant été diffusé par la police, à la demande du Parquet fédéral, que le lundi 21 mars, soit la veille des attentats perpétrés à Bruxelles, soit plus de trois mois après avoir eu la preuve formelle de son retour en Belgique et de son implication dans la préparation des attentats de Paris.
Questions citoyennes :
- Comment expliquer que cet avis de recherche via les médias ait été lancé aussi tardivement ? (D'autant plus que le mandat d'arrêt international a été émis dès le 18 mars 2014)
- Faut-il y voir une volonté de ne pas compromettre l'enquête et les recherches en cours en alertant prématurément le terroriste concerné ? Najim Laachraoui n'était-il pas, de toute manière, déjà bien informé qu'on était à sa poursuite ? Dès lors, pour quelles obscures raisons cet avis de recherche n'a-t-il pas été diffusé publiquement dès la fin de l'année 2015 ?
(*) Mohamed Belkaïd (alias Samir Bouzid)
Cet algérien de 35 ans réapparaît quatre mois après son arrivée en Belgique en compagnie de Najim Laachraoui. Lors d'une perquisition effectuée le 15 mars 2016 dans un appartement présumé "vide" à Forest, un individu tire sur les forces de l'ordre et blesse légèrement quatre policiers en couvrant la fuite de deux autres comparses. Finalement abattu par les forces de l'ordre, le terroriste décédé s'avère être Mohamed Belkaïd. Les deux fugitifs ne sont pas formellement identifiés (On parle à ce moment-là des frères El Bakraoui ou de Salah Abdeslam et d'un inconnu).