"Entre nous : je n'y ai jamais rien compris..." |
Le Roi et son bouffon
Si à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, les caricatures du Roi Léopold II étaient monnaie courante et souvent féroces dans la presse satirique, cette liberté de ton et d'expression s'était faite beaucoup plus rare par la suite...
"Je vous donnerai assez de caoutchouc pour vous faire une conscience élastique" Caricature du Roi Léopold II - Assiette au beurre - Janvier 1908 |
Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, sous le règne du Roi Baudouin, caricaturer la famille royale s'apparentait presque à commettre un crime de "lèse-majesté". Ce genre de dessins n'aurait sans doute jamais été publié dans les grands journaux (ni diffusé à la télévision) par crainte de susciter le courroux du Palais et les réactions outrées d'une partie du lectorat.
Les temps ont changé...
« Se faire traiter de bouffon, ça n'a pas l'air d'un compliment. Mais quand je lis que si le bouffon amuse le roi, il est aussi le seul à pouvoir lui dire quelques vérités sans faire de courbettes, qu'il a pour fonction aussi de le désacraliser, que les ministres et les courtisans craignent les traits d'esprit du bouffon à leurs dépens parce qu'ils ont rarement le talent d'y répondre, que c'est grâce au bouffon que le peuple arrive à faire le tri parmi les mensonges et les promesses dont on l'abreuve ... je le prends comme un beau compliment. »
Pierre Kroll
"Pour Noël, j'ai demandé un gouvernement" "Sa majesté réfléchit, consulte, cherche une solution...et ne veux pas être dérangé" |
Une petite révolution dans le Royaume de Belgique
Pierre Kroll a commencé a "croquer" le Roi Albert II peu avant sa prestation de serment en août 1993: vingt ans de règne accompagnés par deux décennies de dessins qui ont suivi le fil de l'actualité.
Après la disparition brutale du Roi Baudouin, en l'absence de descendance directe, on attend l'arrivée sur le trône du Prince Philippe, dûment formé par son oncle. Toujours célibataire à l'époque et jugé encore trop inexpérimenté, voire carrément "maladroit, la classe politique se montre très réticente. Premier dans l'ordre de succession, c'est le père du Prince, frère du Roi décédé, qui prend la relève.
Un sixième Roi des Belges inattendu, déjà grand-père et privé de sa préretraite pour raisons d'état...
Une image décalée qu'on pourrait qualifiée de "surréaliste"...
Pour illustrer cette situation particulière de "l'homme qui apprend au saut du lit qu'il va devoir être Roi", le caricaturiste a la lumineuse idée de l'imaginer en pyjama, robe de chambre et pantoufles...sans oublier la fameuse couronne qui, même s'il ne l'a jamais portée, permet de l'identifier au premier coup d'oeil. (Au gré de l'actualité, elle a d'ailleurs été mise "à toutes les sauces" par le facétieux dessinateur, servant même d'écrin à...un cornet de frites)
Si, au départ, l'approche irrévérencieuse fut jugée "iconoclaste" par certaines âmes bien pensantes, cette représentation décalée du Roi fait mouche et est rapidement adoptée par le grand-public.
Pour illustrer cette situation particulière de "l'homme qui apprend au saut du lit qu'il va devoir être Roi", le caricaturiste a la lumineuse idée de l'imaginer en pyjama, robe de chambre et pantoufles...sans oublier la fameuse couronne qui, même s'il ne l'a jamais portée, permet de l'identifier au premier coup d'oeil. (Au gré de l'actualité, elle a d'ailleurs été mise "à toutes les sauces" par le facétieux dessinateur, servant même d'écrin à...un cornet de frites)
Si, au départ, l'approche irrévérencieuse fut jugée "iconoclaste" par certaines âmes bien pensantes, cette représentation décalée du Roi fait mouche et est rapidement adoptée par le grand-public.
Et si, 20 ans après, elle perdure toujours, ce n'est pas le fruit du hasard.
Albert II a une personnalité bien différente de celle du Roi Baudouin (qui, au début de son règne, fut surnommé "Le Roi triste").
"Alors on danse..." Le Roi Albert II danse entre Flandre et Wallonie au rythme de la célèbre chanson de Stromae |
Un citoyen presque comme les autres...
s'il n'y avait le poids de la couronne...
s'il n'y avait le poids de la couronne...
Bon vivant, riant de bon coeur...il dégage une impression de bonhomie bienveillante empreinte de bon sens. Elle a nourri le portrait "en charentaises et couronne" qui, paradoxalement, a probablement contribué au "capital sympathie" et à la popularité du Roi.
Bien que cela n'ait jamais été confirmé par un communiqué officiel du Palais, on sait que le Roi apprécie ses caricatures et qu'il s'en amuse volontiers.
L'image aurait pu être cruelle et le tourner en ridicule mais Pierre Kroll a aussi ce talent (rare) de griffer sans mordre, d'égratigner sans blesser.
Par la grâce de son coup de crayon, "Sa Majesté" est devenu un citoyen lambda, "presque comme les autres", qui observe le monde un peu fou qui l'entoure et sa famille, d'un regard amusé, désabusé...parfois irrité...avec, de temps à autre, une furieuse envie de prendre des vacances et de s'évader bien loin de ce "bazar" belgo-belge.
Si l'humour pique juste au bon endroit, il n'est ni cynique, ni foncièrement méchant. Il n'est pas rare d'y déceler un zeste d'affection et de tendresse...voire de l'empathie pour le poids de cette fonction qui lui est tombée sur le dos sans qu'il l'ait vraiment souhaité.
Tout au long de ces deux décennies, Albert II a été très présent dans l'actualité.
Au travers des crises politiques et financières, mariages, naissances, déplacements officiels et privés, discours, tragi-comédies des "affaires familiales", conflits communautaires, remise en question de la fonction royale et des dotations...jusqu'à son abdication en faveur de son fils…au fil du temps notre "Bon Roi Albert" est devenu l'acteur vedette parmi la panoplie de personnages croqués par le talentueux cartooniste belge
Une longue "carrière" couronnée par l'album "Le Roi et son bouffon" (Éditions Renaissance du Livre).
Par la grâce de son coup de crayon, "Sa Majesté" est devenu un citoyen lambda, "presque comme les autres", qui observe le monde un peu fou qui l'entoure et sa famille, d'un regard amusé, désabusé...parfois irrité...avec, de temps à autre, une furieuse envie de prendre des vacances et de s'évader bien loin de ce "bazar" belgo-belge.
"J'ai bien entendu, Papa, nous avons deux pays...c'est génial ça !" |
Une longue carrière couronnée...de succès
Si l'humour pique juste au bon endroit, il n'est ni cynique, ni foncièrement méchant. Il n'est pas rare d'y déceler un zeste d'affection et de tendresse...voire de l'empathie pour le poids de cette fonction qui lui est tombée sur le dos sans qu'il l'ait vraiment souhaité.
Tout au long de ces deux décennies, Albert II a été très présent dans l'actualité.
Au travers des crises politiques et financières, mariages, naissances, déplacements officiels et privés, discours, tragi-comédies des "affaires familiales", conflits communautaires, remise en question de la fonction royale et des dotations...jusqu'à son abdication en faveur de son fils…au fil du temps notre "Bon Roi Albert" est devenu l'acteur vedette parmi la panoplie de personnages croqués par le talentueux cartooniste belge
Une longue "carrière" couronnée par l'album "Le Roi et son bouffon" (Éditions Renaissance du Livre).
On y découvre également de nombreux inédits et des dessins refusés (Ben oui, il s'en est quand même trouvé quelques uns que les journaux n'ont pas osé publier).
"Est-ce que vous ne m'en faites pas faire un peu trop cette année ?" "Il faut remonter le moral des Belges Sire..." |
Une page de notre histoire royale est tournée et d'ici quelques années, vu qu'il ne sera très probablement plus réédité, cet ouvrage a toutes les chances de devenir un objet de collection.
Réitérer un tel "coup de maître" avec la personnalité moins "débonnaire" du nouveau Roi Philippe n'est pas chose aisée : un vrai défi pour l'auteur !
Réitérer un tel "coup de maître" avec la personnalité moins "débonnaire" du nouveau Roi Philippe n'est pas chose aisée : un vrai défi pour l'auteur !
En attendant, comme on aimerait que toutes les pages de l'actualité nous fassent autant sourire...
Et, puisqu'il paraît que "le rire, c'est bon pour la santé", il ne nous reste plus qu'à vous dire "Merci Docteur Kroll".
Et, puisqu'il paraît que "le rire, c'est bon pour la santé", il ne nous reste plus qu'à vous dire "Merci Docteur Kroll".
Jipé
Editions Renaissance du Livre
En visite au journal "Le Soir", le Roi Albert II et la Reine Paola semblent apprécier l'humour et les dessins de Pierre Kroll |
"Je ne suis pas sûr de pouvoir venir" |