Tout là haut, assis sur leurs petits nuages, l'architecte Léon-Pierre Suys et le bourgmestre Jules Anspach n'en croient pas leurs yeux.
Érigé entre 1869 et 1874 et conçu comme une sorte de temple antique à la gloire du Dieu Finance et de l'expansion de la Belgique devenue la deuxième puissance industrielle moderne après l'Angleterre, l'imposant édifice de style éclectique a bel et bien perdu sa fonction première et s'est reconverti en lieu d'expositions.
Que voulez-vous, Chers Amis, en un siècle et demi, le monde des agents de change a bien changé ! Depuis 1996, les grandes salles bourdonnantes d'activités fébriles et survoltées où ils se rassemblaient sont définitivement reléguées aux oubliettes de l'histoire. Tout comme les amoureux, ils échangent aujourd'hui par écrans d'ordinateurs interposés. Les bourgeois-boursicoteurs qui se pressaient dans les tavernes voisines pour discuter des meilleurs placements ont déserté les lieux depuis longtemps.
La vie d'une place au fil du temps
En quelques dates et petites histoires
La vie d'une place au fil du temps
En quelques dates et petites histoires
Saut dans le lointain passé de Bruxelles
Que trouvait-on auparavant à l'emplacement de ce temple de la finance, de l'industrie et du commerce florissant ?
Paradoxalement, un couvent de "moines mendiants".
1238
Douze ans après le décès de François d'Assise (1226 - Canonisé en 1228) , les "frères mineurs" (Franciscains) sont les premiers à s'installer au cœur de notre ville.
Rapidement appréciés et respectés pour leurs nombreuses activités sociales sur le terrain en faveur des habitants de la cité, ils attirent l'attention des Ducs de Brabant dont ils obtiennent le soutien et l'autorisation de bâtir un couvent.
A la fin du XIIIème siècle (1294), le Duc Jean 1er est d'ailleurs inhumé sous le cœur de leur église.
1517
Après la scission de l'ordre des franciscains en 1517, le couvent est occupé par les "Récollets", une congrégation rattachée à l'ordre des "observants" qui, par opposition aux "conventuels", prône l'observance stricte des idéaux de pauvreté de Saint-François d'Assise. (Le nouveau pape François aurait aimé ça !). La suite de leur histoire est plutôt tumultueuse.
1579
Les guerres de religion entraînent la fermeture du couvent : le chœur de l'église gothique et le tombeau du Duc Jean 1er et de son épouse sont détruits.
XVIIe siècle
Sous la restauration catholique espagnole, le chœur de l'église est reconstruit en style baroque. Les Archiducs Albert et Isabelle y font ériger un monument funéraire en mémoire de la tombe disparue du Duc Jean 1er, ils apportent aussi leur soutien financier aux frères Récollets. La couvent est agrandi à plusieurs reprises pour atteindre une taille imposante. Il comporte une infirmerie, une école, une bibliothèque, une brasserie, une tonnellerie ainsi qu'un "hangar des tubes d'extincteurs" car les Frères Récollets faisaient aussi office de pompiers lors des incendies...
1695
Lors du terrifiant bombardement de Bruxelles par les troupes françaises de Louis XIV, les incendies endommagent sérieusement plusieurs bâtiments du couvent et détruisent la plus grande partie de ses archives.
1796...fin de l'histoire
Bien que patiemment reconstruit, le couvent des Récollets ne verra même pas l'aube du siècle suivant. Sous la domination du régime révolutionnaire français, après plus d'un demi-millénaire de présence au cœur de Bruxelles, les frères franciscains sont chassés de la ville, le couvent est fermé et leurs biens sont vendus puis démolis pour faire place à un nouveau quartier.
1800
Le Marché au Beurre s'installe à l'emplacement laissé vacant par la destruction de l'église du couvent (soit...à l'emplacement actuel de la Bourse).
Suite aux importantes inondations de 1839 et 1850, les premiers débats d'idée pour solutionner le problème de la Senne voient le jour, A l'époque diverses tendances s'affrontent encore. Certains sont partisans de laisser la rivière à ciel ouvert mais d'en épurer les eaux en lui adjoignant des égouts placés sous les quais latéraux, d'aucuns préconisent de la détourner du centre en élargissant le bras extérieur (La Petite Senne). D'autres, convaincus que son épuration relève de l'utopie, pensent qu'il faut se résoudre à la faire disparaître sous terre.
1865
Une commission d'étude "Ville-Province-Etat" est désignée et remet son premier rapport.
1866
Une commission d'étude "Ville-Province-Etat" est désignée et remet son premier rapport.
1866
Sur base d'un deuxième rapport, le projet de voûtement complet de la Senne l'emporte finalement au conseil communal. Il a été soutenu avec force et conviction par le bourgmestre libéral Jules Anspach.
Il y voit l'opportunité de réaliser son vieux rêve: transformer radicalement les quartiers du bas de la ville paupérisés et les revaloriser en réalisant une vaste opération immobilière susceptible d'attirer de nouveaux habitants issus de la bourgeoisie...ceux qui paient des impôts !. (*)
C'est indubitablement l'un des moments clef de notre histoire citadine moderne car, si on avait opté pour l'une des autres solutions envisagées au départ, le visage du Bruxelles d'aujourd'hui aurait été bien différent.
(*) Pour la p'tite histoire...
Un siècle plus tard, les bourgmestres successifs ont réalisé exactement l'inverse. En se faisant complice de l'avidité des promoteurs immobiliers, ils ont mené une politique urbanistique destructrice du patrimoine architectural qui a chassé la bourgeoisie vers les communes périphériques et largement contribué à paupériser le centre-ville.
Il y voit l'opportunité de réaliser son vieux rêve: transformer radicalement les quartiers du bas de la ville paupérisés et les revaloriser en réalisant une vaste opération immobilière susceptible d'attirer de nouveaux habitants issus de la bourgeoisie...ceux qui paient des impôts !. (*)
C'est indubitablement l'un des moments clef de notre histoire citadine moderne car, si on avait opté pour l'une des autres solutions envisagées au départ, le visage du Bruxelles d'aujourd'hui aurait été bien différent.
(*) Pour la p'tite histoire...
Un siècle plus tard, les bourgmestres successifs ont réalisé exactement l'inverse. En se faisant complice de l'avidité des promoteurs immobiliers, ils ont mené une politique urbanistique destructrice du patrimoine architectural qui a chassé la bourgeoisie vers les communes périphériques et largement contribué à paupériser le centre-ville.
1867 - 1871
Le gigantesque chantier commence en février 1867 et se termine par la réouverture de l'écluse et une inauguration le 30 novembre 1871 : 4 années de travaux (un record pour l'époque) qui ne se sont pourtant pas déroulées sans susciter de nombreuses oppositions et polémiques. Les procédés utilisés pour l'expulsion des habitants et les faibles dédommagements octroyés pour les maisons détruites n'ont pas arrangé les choses. Quant à la compagnie anglaise initialement choisie pour exécuter le projet, elle dut finalement être évincée en cours de route suite à la révélation d'un gros scandale de détournement de fonds et à l'absence de toute adjudication publique préalable.
Dans la foulée des travaux de voûtement et de la disparition des quartiers populaires, c'est une nouvelle ville qui sort de terre tout au long des nouveaux boulevards du centre.
Désormais considéré comme insalubre, le vieux Marché au Beurre est l'un des derniers grands terrains disponibles et devient de facto l'endroit idéal pour construire ce Palais de la Bourse emblématique de la réussite industrielle et financière belge qui commence à s'imposer.
Selon le premier plan dessiné par l’architecte Léon-Pierre Suys, le bâtiment est implanté tout en largeur, le long du boulevard.
Le second projet retenu modifie l’orientation de l’édifice qui est finalement érigé perpendiculairement au boulevard et encadré de deux nouvelles rues.
Ce "détail" n'est pas sans importance car, si les fondations de la Bourse avait été implantées dans l'autre sens, cela aurait entraîné la disparition complète des derniers vestiges de l’ancien couvent des Récollets qui seront remis à jour bien des années plus tard.
Les "précautions archéologiques" que l'on prend aujourd'hui lors de gros chantiers en sous sol n'étaient pas vraiment de mise à la fin du XIXe siècle.
Les immeubles sur le côté droit du palais de la Bourse (rue Henri Maus) ont été construits en 1883 |
Tout au fond, on distingue la silhouette de l'hôtel Continental avant l'incendie de 1901 qui détruisit sa toiture |
1869 - 1874
En empruntant aux styles Néo-Renaissance, Renaissance italienne et Second Empire, l'architecte Léon-Pierre Suys, concepteur du voûtement de la Senne, veut faire de ce "monument" l'œuvre maîtresse de sa carrière.
Le péristyle de la façade principale se compose de huit colonnes corinthiennes qui soutiennent un entablement orné d'une guirlande de fleurs et de fruits, symbole de l'abondance. Sur cet entablement repose le fronton triangulaire dans lequel est sculptée la Belgique, entourée de deux génies symbolisant le commerce et l'industrie.
Le grand escalier est gardé par deux grands lions. Version belge des célèbres "Bears & Bulls", le premier avec la tête levée symbolise la "hausse", le deuxième avec le dos courbé symbolise la "baisse", soit les deux tendances du marché des titres.
Placées dans des niches au pourtour du bâtiment, des sculptures d'hommes et de femmes, entourés d'objets symboliques, représentent la sidérurgie (le forgeron), l'agriculture, les sciences et les arts.
C'était au temps où les trams étaient tirés par des chevaux et où les cercueils se déplaçaient sur une charrette à bras |
C'était au temps des hippomobiles et des toutes premières automobiles C'était au temps où la bourgeoisie ne sortait pas en ville sans chapeaux et beaux habits |
Pour doter son œuvre de la plus abondante ornementation décorative de l'époque, l'architecte ne lésine pas sur les moyens. Il fait appel à de nombreux sculpteurs renommés dont les frères Jean-Joseph & Jacques Jacquet, Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Antoine-Joseph Van Rasbourgh, Victor De Haen, Guillaume De Groote, Joseph Van Den Kerckhove, Egide Mélot...sans oublier la participation remarquée des jeunes artistes Auguste Rodin et Joseph Dillens. Ce dernier n'a alors que 23 ans mais il deviendra l'un des plus grands noms de la sculpture belge.
Entamée en octobre 1869, la construction du majestueux bâtiment s'étale sur un peu plus de quatre ans. Si une inauguration officielle anticipée a bien lieu le 27 décembre 1873 en présence du Roi Léopold II et de la Reine Marie-Henriette, les travaux ne sont pas complètement terminés et il faut attendre le deuxième trimestre de l'année suivante pour que les activités boursières puissent enfin s'y installer.
La petite erreur de l'architecte...
Tendre sous les outils des sculpteurs, la pierre utilisée pour sa construction s'avère trop fragile et il faut se résoudre à l'enduire de peinture pour la protéger, ce qui explique son changement d'apparence sur les vues anciennes.
Source : Bruxelles-Pentagone (Roel Jacobs)
XXe siècle
Après avoir vu défiler les calèches, les brouettes des artisans, les charrettes à bras portant des cercueils et les trams tirés par des chevaux, le place de la Bourse voit apparaître les premières automobiles et les premiers tramways propulsés par l'électricité...
Passant au travers de deux guerres mondiales sans recevoir de bombes sur la tête, l'édifice résiste aussi aux secousses sismiques provoquées par la grande dépression bancaire et boursière de 1929.
Outre le grand café de la Bourse présent dès le début des années 1886, à l'angle de la rue de la Bourse et du boulevard Anspach (Voire illustrations anciennes ci-dessus) de nombreux autres cafés et tavernes voient le jour pour accueillir les boursicoteurs, investisseurs et agents de change qui se pressent sur les lieux.
Deux d'entre eux ont su préserver leurs décors d'origine (1903 & 1909) et ils partagent un point commun : ils ont tous deux été aménagés dans des bâtiments construits de part et d'autre de la Bourse dans les années 1883-1886.
Liens vers les chroniques qui leur sont consacrées
FALSTAFF
Rue Henri Maus, 17/19 (Classé au patrimoine en 2000)
C'est un beau post, merci.
RépondreSupprimerMerci pour votre appréciation positive sur cette chronique consacrée à la Bourse qui va bientôt devenir le Temple des bières belges (lire l'autre article à ce sujet sur Bruxelles-Bruxellons)
SupprimerJe vous souhaite une heureuse et dynamique année 2016.
Cordialement, bien à vous
Jipé
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerTres tres interessant.on devrait prendre l histoire de bruxelles a l ecole
RépondreSupprimerSi vous voulez renouer avec votre ex partenaire c'est le meilleur que vous puissiez contacter,délai respecté,tarif bas
RépondreSupprimerMon nom est Florence GUILLOTTIN, je veux utiliser ce forum pour partager mon petit témoignage avec le monde ,sur la façon dont j'ai obtenu mon ex mari de nouveau à moi grâce à l'aide d'un lanceur de sorts puissants.
Voici mon histoire . Après 9 ans de mariage avec mon mari CHARLES, il a divorcé et s'est séparé de moi et mon enfant. Un jour que je passais par Internet à la recherche d'emploi, j'ai vu différents témoignages sur la façon dont un homme les a aidés à résoudre leurs problèmes. L'un d'eux a dit qu'il l'a aidé à guérir ses maladies, l'autre dit qu'il a aidée tombée enceinte après 11 ans d'être sans enfants et j'ai vu un autre qui dit qu'il l'a aidé à sauver son mariage et obtenir un bon emploi, elle a laissé l'Email de ce grand homme, je doutais , mais j'ai décidé de faire un essai . Quand je l'ai contacté, il m'a proposé une série de rituel de 9 jours, et 7 jours exactement 7 jours après le début des travaux mon mari est revenu me suppliant et en s'excusant. Aujourd'hui, nous sommes heureux ensemble, avec beaucoup d'amour, de joie. Avec nos 3 enfants , un garçon et deux filles. Cet homme est un envoyé de Dieu pour aider les gens à résoudre leurs problèmes. Vous pouvez aussi contacter ce grand lanceur de sort aujourd'hui,
E-mail : contact.maitreamangnon@yahoo.com
Téléphone Watshapp : +229 9778 8791
Contactez-le sur l'un des problèmes suivants : Rupture amoureuse ou de divorce- chagrin d'amour de chance et de travail.
Contactez ce monsieur Maître Comlan Amangnon aujourd'hui et vous serez heureux.