LE CIRIO
Rue de la Bourse 18/20
Sur le côté gauche du Palais de la Bourse, on retrouve le dernier témoin survivant des 18 salons de vente et de dégustation de spécialités italiennes ouverts par Francesco Cirio (*) dans plusieurs villes d'Europe à la fin du XIXe siècle (Paris, Zurich, Moscou, Saint-Petersbourg...).
La "Maison Cirio" de Bruxelles voit le jour en 1886 dans l'un des immeubles qui viennent tout juste de sortir de terre le long de la toute nouvelle rue de la Bourse. En pleine effervescence, l'animation du boulevard Anspach attire la bourgeoisie aisée de la capitale; c'est l'endroit idéal pour installer une vitrine commerciale et faire connaître ses produits.
Au fil du temps, ne gardant de ses origines italiennes que le nom du fondateur, des souvenirs sur les murs et quelques spécialités à la carte, l'établissement s'est mué en taverne bruxelloise typique de la Belle Epoque et s'est construit sa propre histoire.
La "Maison Cirio" de Bruxelles voit le jour en 1886 dans l'un des immeubles qui viennent tout juste de sortir de terre le long de la toute nouvelle rue de la Bourse. En pleine effervescence, l'animation du boulevard Anspach attire la bourgeoisie aisée de la capitale; c'est l'endroit idéal pour installer une vitrine commerciale et faire connaître ses produits.
Au fil du temps, ne gardant de ses origines italiennes que le nom du fondateur, des souvenirs sur les murs et quelques spécialités à la carte, l'établissement s'est mué en taverne bruxelloise typique de la Belle Epoque et s'est construit sa propre histoire.
Plus d'un siècle plus tard, la décoration surannée et l'ambiance chaleureuse qui s'en dégage charment toujours une nombreuse clientèle marchant sur les traces de Jacques Brel qui adorait l'endroit et avait coutume de venir s'y attabler devant un "half & half" lorsqu'il séjournait dans sa ville natale.
Première salle à front de rue - Lustres en fer forgé - Boiseries de style néo-Renaissance |
Première salle à front de rue - Meuble mural du bar de style néo-Renaissance |
Salle centrale et salle arrière - Lambris et vitrines d'inspiration Art-Nouveau |
De 1889 à 1923....
Comme pour la taverne "Falstaff", située de l'autre côté du palais de la Bourse, la configuration actuelle de l'établissement est le fruit de plusieurs transformations successives.
La premier agrandissement est réalisée très rapidement, trois ans à peine après l'ouverture (1889). Sous la direction de l'architecte Charles Gys qui a conçu l'ensemble homogène des bâtiments bordant la rue de la Bourse, les rez-de-chaussée des deux immeubles voisins (n° 18 et n° 20) sont réunis en remplaçant le mur porteur par des poutrelles et colonnes métalliques.
Dix ans plus tard (1909), le décorateur Henri Coosemans dote la façade d'une élégante devanture d'inspiration néo-Renaissance composée de fines colonnes en bois torsadé se terminant en arcades, agrémentées de chapiteaux et de couronnes en bronze ciselé. La porte donnant accès au sas d'entrée est surmontée d'une vitre ornée d'une gravure à l'acide.
Pour accueillir une clientèle toujours plus nombreuse, une deuxième et une troisième salle sont aménagées ultérieurement dans le prolongement de celle créée en 1889. L'ultime transformation est réalisée en 1923 par l'architecte René Serrure. La cour arrière de l'immeuble (où se trouvaient les anciens sanitaires) est couverte pour agrandir la dernière salle de dégustation.
Lambris, vitrines et meubles suspendus, décoration murale en stuc façon "cuir repoussé" et papiers peints, colonnes gainées de laiton, lanterneaux en verre opaque, lustres en fer forgé et plafonniers en verre gravé sont restés pratiquement dans leur "jus d'origine".
Vue de la salle centrale vers la salle arrière avec sa verrière factice - Médaillon de l'Exposition universelle de 1910 |
Vue de la salle avant vers les salles arrières - Panneaux publicitaires d'époque de style Art Nouveau |
Statuette de l'archange Saint-Michel terrassant le dragon - Caisse enregistreuse d'époque |
"Le Cirio" patrimoine historique, esthétique et folklorique protégé
Lancée en février 2009 par le secrétaire d'Etat Emir Kir en charge des Monuments & Sites, la procédure de classement s'est concrétisée par un arrêté du gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale signé en mars 2011.
"Le Cirio" constitue donc l’un des ultimes témoins de ces grands établissements qui émaillèrent le centre-ville de Bruxelles dès la seconde moitié du XIXe siècle. Et, à l’instar du Falstaff de l’autre côté de la Bourse, cet estaminet occupe une place de choix parmi une enfilade homogène d’immeubles à rez-de-chaussée commercial. Les commerces font partie intégrante de notre patrimoine, et j’ajouterais même qu’ils forment un patrimoine à part entière, sans doute moins évident et moins reconnu comme tel que des maisons, des églises ou des palais. Pourtant, les commerces sont chargés d’histoire : ils ont vu et voient encore défiler des dizaines de milliers de personnes, ils rassemblent, permettent la découverte de bonnes et belles choses, le plaisir d’acheter ou de savourer. C’est, par ailleurs, un patrimoine fragile. Il faut donc lui accorder une place particulière dans le patrimoine protégé de notre région."
Emir Kir - 06/02/2009
Source : La Libre - Belga
Même les toilettes sont classées...
Le parfum d'authenticité se niche jusque dans...les toilettes où presque rien n'a changé depuis 1923 (lorsque la cour extérieure fut couverte et que les toilettes qui s'y trouvaient furent déplacées). Les urinoirs en porcelaine "Jacob Delafon & Cie" sont d'époque ainsi que les carreaux en céramique, les portes avec leurs plaques émaillées et les radiateurs en fonte. On y dégote aussi une vieille cabine téléphonique en bois (malheureusement hors d'usage) et deux anciens appareils délivrant de l'Eau de Cologne aux clients contre quelques pièces de monnaie. Les puristes regretteront juste la présence incongrue de lavabos "modernes" alors que les catalogues actuels de sanitaires proposent de belles copies de modèles "rétro" qui auraient été plus adéquats.
Hors classement...
Le comptoir du bar qui est plus récent (par contre le grand meuble mural derrière le comptoir est d'origine) ainsi que les tables, chaises et tabourets qui ont été renouvelés en 1989 suivant des modèles d'inspiration Art Nouveau.
Quand le Cirio fait son cinéma...
En 1968, le Cirio sert de décor pour une scène du film "La bande à Bonnot" qui est censée se dérouler dans une brasserie parisienne. A l'époque, Paris est paralysé par les événements de mai 68, d'où le déménagement vers Bruxelles qui offrait des conditions de travail moins agitées. Pour mémoire, le scénario retrace les aventures d'une bande d'anarchistes virant au grand banditisme dans les années 1910. Jacques Brel y tenait le rôle de Raymond la Science aux côtés de Bruno Cremer (Jules Bonnot), d'Annie Girardot (Marie la Belge) et de Jean-Pierre Kalfon (Octave Garnier).
En 1983, son cadre particulièrement bien préservé séduit également André Delvaux pour des scènes du très beau film "Benvenuta" avec Fanny Ardant, Vittorio Gassman et...Philippe Geluck.
Dans un article du journal Le Soir intitulé "Les brasseries bruxelloises sur pellicules", le patron du Cirio raconte qu'il a aussi accueilli l'équipe de tournage de "Belle de Jour" (Luis Buñuel - 1967). Comme je n'en ai trouvé aucune confirmation via d'autres sources, il s'agit vraisemblablement d'une confusion avec "Belle", un autre film d'André Delvaux, tourné à Bruxelles en 1972.
En 1983, son cadre particulièrement bien préservé séduit également André Delvaux pour des scènes du très beau film "Benvenuta" avec Fanny Ardant, Vittorio Gassman et...Philippe Geluck.
Dans un article du journal Le Soir intitulé "Les brasseries bruxelloises sur pellicules", le patron du Cirio raconte qu'il a aussi accueilli l'équipe de tournage de "Belle de Jour" (Luis Buñuel - 1967). Comme je n'en ai trouvé aucune confirmation via d'autres sources, il s'agit vraisemblablement d'une confusion avec "Belle", un autre film d'André Delvaux, tourné à Bruxelles en 1972.
En mémoire du père fondateur...
(*) Francesco Cirio (1836 - 1900)
Né en Sardaigne dans une famille pauvre et analphabète, cet homme d'affaire italien a fait fortune dans la conserve. En créant sa propre manufacture à 20 ans, il fut parmi les premiers au monde à donner un réel essor commercial au procédé d'appertisation inventé en 1795 par le confiseur français Nicolas Appert (stérilisation par la chaleur qui permet de conserver les légumes et d'autres aliments sur une longue durée de temps dans des récipients hermétiquement clos). L'entreprise a fêté son centenaire en 1956 et la marque est toujours bien présente dans les étals de nos supermarchés aujourd'hui.
N.B. Nous assurons nos lecteurs que les articles publiés sur le blog "Bruxelles-Bruxellons" sont libres de toute publicité commerciale rémunérée.
(*) Francesco Cirio (1836 - 1900)
Né en Sardaigne dans une famille pauvre et analphabète, cet homme d'affaire italien a fait fortune dans la conserve. En créant sa propre manufacture à 20 ans, il fut parmi les premiers au monde à donner un réel essor commercial au procédé d'appertisation inventé en 1795 par le confiseur français Nicolas Appert (stérilisation par la chaleur qui permet de conserver les légumes et d'autres aliments sur une longue durée de temps dans des récipients hermétiquement clos). L'entreprise a fêté son centenaire en 1956 et la marque est toujours bien présente dans les étals de nos supermarchés aujourd'hui.
Jipé
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