Ô temps, suspends ton vol...
Ô doux lambic qui nous réchauffe l'âme...
Pour nos amis et voisins français, c'est un "bistrot", pour nous, c'est un authentique "Estaminet" bruxellois (à ne surtout pas confondre avec un "caberdouche" qui désigne un café mal fréquenté).
Si pratiquement tous les Bruxellois de souche le connaissent, les "non-initiés" peuvent passer mille fois à côté sans jamais avoir l'idée d'y entrer.
Une enseigne discrète à l'extérieur, un portail ouvert dans une façade quelconque qui débouche sur une impasse étroite et peu avenante....rien ne laisse présager l'estaminet chaleureux qui s'y cache.
Rien ? Si !
A l'entrée de l'impassse, nos pieds ont foulé une curieuse fresque, intégrée aux paves et sertie de cuivre, qui représente une bécasse entourée de chopes de bières et là, tout au fond, une chaude lumière brille derrière une double porte décorée de vitraux surmontée d'une enseigne.
Pourquoi avoir aménagé un estaminet dans un endroit aussi peu visible de la rue ? Tout simplement parce que l'établissement date du début du 19ème siècle et qu'à cette époque, il est bel et bien situé "à front de rue". Il fait d'ailleurs office d'halte-relais pour les "diligences" en provenance de Hal, Louvain, Vilvorde.
Il aurait même peut-être connu le grand couvent des Récollets (situé à l'emplacement actuel de la Bourse), son église et le cimetière attenant (détruits en 1796).
Par la suite, la rue au Beurre devient un tronçon de l'ancien et très animé "Marché au Beurre" qui entoure l'église Saint-Nicolas et remonte jusqu'à la Grand-Place.
Ce n'est qu'après l'armistice de 1918 que cette partie de la rue au Beurre est débaptisée et reçoit le nom de Tabora, principale ville de l'ancien Congo allemand. Le 19 avril 1916, après plusieurs mois de combats, elle avait fini par tomber aux mains de la petite armée belgo-congolaise du colonel Tombeur (ça ne s'invente pas !).
Au fil de l'histoire, dans la foulée du voûtement de la Senne, de l'aménagement des grands boulevards et de l'arrivé de la Bourse, on construit tout autour du bâtiment d'origine qui se retouve complètement enclavé, en conservant juste une "strotje" de passage.
Un vrai miracle que l'estaminet ait survécu à tous ces bouleversements jusqu'à nos jours. Un miracle que l'on doit à la famille "Steppé", au gouvernail de "La Bécasse" depuis plus de 130 ans.
L'arrière grand-père fait l'acquisition du fond de commerce en 1877 et rachète la maison 8 ans plus tard ...à la quatrième génération, ses arrières petits-enfants n'ont pas lâché la barre; ils maintiennent le cap avec la même passion. Pour la p'tite anecdote: le grand-père "Prosper", a vu le jour en juin 1882 dans un coin de la salle du 1er étage. Comment, après cela, ne pas y être viscéralement attaché ?
Ce p'tit détour par l'histoire nous a éloignés de la porte que nous étions prêts à franchir. Allons-y...
Ceux et celles qui y viennent pour la première fois s'attendent à trouver un minisculous caberdouche.
La large salle aux murs lambrissés de bois avec son plafond à caissons, crée la suprise. Une grande cheminée sur la gauche, un bar aux cuivres rutilants à droite, de longues banquettes en bois le long des murs, les suspensions en fer forgé, les vitraux, le vieil escalier qui mène à une seconde salle de même dimension à l'étage...
On a l'impression qu'ici, le temps s'est arrêté et que rien n'a changé depuis des lustres.
Ce qui frappe au premier coup d'oeil c'est l'éclectisme de la clientèle. L'endroit est apprécié par tout le monde: jeunes étudiants, pensionnés, familles, touristes d'un jour (dûment munis de leurs guides), s'y mêlent en toute convivialité.
On y boit...
Au fût: les incontournables Lambic doux (Jeune gueuze douce et ambrée) et Lambic blanc, servis au 1/2 ou au litre dans des brocs en terre cuite émaillée.
On a l'impression qu'ici, le temps s'est arrêté et que rien n'a changé depuis des lustres.
Ce qui frappe au premier coup d'oeil c'est l'éclectisme de la clientèle. L'endroit est apprécié par tout le monde: jeunes étudiants, pensionnés, familles, touristes d'un jour (dûment munis de leurs guides), s'y mêlent en toute convivialité.
On y boit...
Au fût: les incontournables Lambic doux (Jeune gueuze douce et ambrée) et Lambic blanc, servis au 1/2 ou au litre dans des brocs en terre cuite émaillée.
A la bouteille: un vaste choix de bières belges blondes, ambrées ou brunes, parmi lesquelles on épingle la Bourgogne de Flandre, la Kwak (bière du cocher), l'Iris, la Saint-Feuillien, la Delirium Tremens, la Hoegaarden Grand Cru, la Gueuze Cantillon, la Trappiste de Rochefort ...
Sans oublier la Kriek et les fraîches "Cerise", "Framboise" et "Pêche" de la brasserie Timmermans avec lesquelles on nous confectionne à la demande des "cocktails" de bières panachées.
On y mange...
On y mange...
Amis des chips, des hamburgers et autres "fast-food", passez votre chemin...
De délicieuses "tartines" de pain artisanal sont servies sur planche et on a l'embarras du choix...Platekees, Potkaas, Kip-Kap, Bloedpens, Tête pressée, Cannibale et Cervelas ...sont de la fête !
Tout récemment, j'ai fait découvrir l'endroit à un ami américain et à sa fiancée anglaise pour leur faire toucher du doigt l'authenticité bruxelloise. Lorsque j'ai tenté de leur traduire ce qui se cachait derrière ces noms barbares, ils m'ont juste répondu "Oh, My God!"...Mais ils ont vite changé d'avis après s'être laissés convaincre de commander ce que je leur suggérais.
Histoire de contenter les méfiants et les sceptiques, de plus classiques assiettes de salades variées et préparations chaudes (Croques, lasagnes, spaghettis) sont également au rendez-vous.
On n'y danse pas sur les tables, on n'y fume plus...
Mais on y cause ! (dans toutes les langues)
Mais on y cause ! (dans toutes les langues)
La clef de sa longévité et de son succès ? Avoir su rester simplement "authentique" sans tomber dans les pièges du folklore pour touristes.
Et si vous y passez un bon moment, n'oubliez pas la p'tite "dringuelle" usuelle pour le personnel actif et souriant habillé de grands tabliers en noir et blanc dans ce lieu particulièrement "haut en couleur"
Et si vous y passez un bon moment, n'oubliez pas la p'tite "dringuelle" usuelle pour le personnel actif et souriant habillé de grands tabliers en noir et blanc dans ce lieu particulièrement "haut en couleur"
Jipé
"La Bécasse"
Rue de Tabora 11 - 1000 Bruxelles
(Derrière La Bourse - à proximité de la Grand Place)
Tel : 0032(0)2/511.00.06
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires, suggestions, précisions ou corrections éventuelles sont toujours les bienvenus et nous y répondons avec plaisir.